Un modèle de rechute des leucémies aiguës humaines développé chez la souris

Un modèle de rechute des leucémies aiguës humaines développé chez la souris

ETUDE DES FORMES RESISTANTES DE LEUCEMIES AIGUES

Une étude réunissant des chercheurs de l’Institut Universitaire d’Hématologie à Saint-Louis, du CEA à Fontenay-aux-Roses et des hôpitaux Robert Debré et Trousseau, a permis de montrer que la greffe de cellules leucémiques humaines chez la souris (xénogreffe) représentait un modèle de rechute des leucémies aiguës chez les patients. Ces travaux, coordonnés par le Pr Jean Soulier (service d’hématologie biologique, Saint-Louis) et le Dr Françoise Pflumio (CEA), permettent d’identifier des mécanismes de la progression tumorale des leucémies aiguës, offrant ainsi des perspectives de stratégies nouvelles dans le traitement des formes résistantes de la maladie. Ils ont été publiés en ligne le 4 avril 2011 dans la revue Journal of Experimental Medicine.

Les leucémies aiguës lymphoblastiques (LAL) sont des cancers du sang de l’enfant et de l’adulte caractérisés par la production excessive d’une population particulière de globules blancs, les lymphocytes, bloqués à un stade immature de leur développement. Les cellules leucémiques envahissent la moelle osseuse et bloquent la production des cellules normales du sang. Le traitement des LAL comprend des fortes doses de corticoïdes et une chimiothérapie, ce qui permet l’élimination des cellules anormales et la guérison dans la majorité des cas. Cependant, une rechute de la maladie peut se produire et la nouvelle leucémie qui se développe chez les patients est souvent particulièrement résistante aux traitements.

Dans ce travail, des greffes de cellules leucémiques humaines à des souris immunodéficientes ont été réalisées et les caractéristiques génomiques et fonctionnelles des leucémies ont été étudiées. Les résultats obtenus montrent que les leucémies qui se développent chez la souris reproduisent les mêmes formes agressives de la maladie que celles observées chez les patients en rechute. Dans les deux situations (chez les patients et chez les souris immunodéficientes), des mutations supplémentaires d’oncogènes sont observées qui confèrent à la maladie un gain de malignité et une résistance au traitement.

Ces travaux ont d’importantes implications pour la compréhension des mécanismes moléculaires et fonctionnels des rechutes des leucémies aiguës. A terme, ils laissent envisager la possibilité de développer de nouvelles stratégies de prévention et de traitement des formes résistantes de la maladie.

Source :

Emmanuelle Clappier(1,2,4,6), Bastien Gerby(1,6,7,8), François Sigaux(2,3,6,9), Marc Delord(6,9), Farah Touzri(1,2,9), Lucie Hernandez(6,9), Paola Ballerini(1,10), André Baruchel(5), Françoise Pflumio(1,6,7,8) and Jean Soulier(2,3,6,9). Clonal selection in xenografted human T-cell acute lymphoblastic leukemia recapitulates gain of malignancy at relapse. J. Exp. Med., published April 4, 2011. http://jem.rupress.org/content/early/2011/03/30/jem.20110105.short?rss=1

(1)Laboratoire de recherche sur les cellules Souches Hématopoïétiques et Leucémiques, Institut de Radiobiologie Cellulaire et Moléculaire, Direction des Sciences du Vivant, CEA, 92265 Fontenay-aux-Roses,
(2)Laboratoire Génome et Cancer, Inserm U944, Hôpital Saint-Louis, 75010 Paris,
(3)Service d’Hématologie Biologique, Hôpital Saint-Louis, AP-HP, 75010 Paris,
(4)Département de Génétique, Hôpital Robert Debré, AP-HP, 75019 Paris,
(5)Service d’Hématologie Pédiatrique, Hôpital Robert Debré, AP-HP, 75019 Paris,
(6)Université Paris-Diderot, 75013 Paris,
(7)Inserm U967, 92265 Fontenay-aux-Roses,
(8)Université Paris-Sud, 92265 Fontenay-aux-Roses,
(9)Institut Universitaire d’Hématologie, 75010 Paris,
(10)Service d’Hématologie Biologique, Hôpital Trousseau, AP-HP, 75012 Paris.