Le sepsis, c’est à dire la réaction inflammatoire systémique à une infection grave, voit son incidence dans le monde augmenter (1ère cause de mortalité dans le monde) avec une baisse importante du taux de mortalité dans les 10 dernières années, bien que les patients soient de plus en plus âgés, avec des comorbidités lourdes.
La mortalité se répartie dans le temps en 2 grandes phases : une phase précoce d’activation inflammatoire intense, rapidement suivie (quelques jours) d’une phase d’immuno-suppression longue. La phase précoce garde une mortalité élevée malgré les nombreux essais randomisés ciblant des voies de signalisations démontrées sur des modèles expérimentaux très bien caractérisés.
L’article de GF Weber et B Chousterman (premiers co-auteurs) publié dans la revue Science vient ajouter pour la première fois, la démonstration sur un modèle murin du rôle de l’interleukine IL-3 comme potentialisateur de l’inflammation au cours du sepsis. Les auteurs d’Harvard Medical School, Massachusetts General Hospital à Boston ont montré au cours d’un sepsis abdominal que les lymphocytes B libèrent de l’IL-3 qui induit une réponse inflammatoire massive.
Les souris IL3-/- étaient protégées contre les conséquences du sepsis. De façon convaincante, les patients ayant un fort taux plasmatique en IL-3 avaient un fort taux de mortalité, même après ajustement sur les marqueurs pronostiques classiques.
Cette étude propose l’IL-3 comme un « chef d’orchestre » de la myeolopoïèse avec la possibilité de nouvelles cibles thérapeutiques. Benjamin Chousterman ancien interne de notre département, et Chef de Clinique en Novembre 2015 en Réanimation Chirurgicale a pris une part très active (1er auteur) dans ce travail de fin de thèse de 3ème cycle.
Didier Payen, Professeur d’Anesthésie-Réanimation à Paris 7 ; Responsable de l’Unité Fonctionnelle d’Anesthésie Réanimation de l’Hôpital Lariboisière.